top of page

"Argentina" de Carlos Saura, un documentaire sur le folklore argentin


Photo du documentaire Argentina (Zonda), de Carlos Saura, 2015. © Piqui Mandarine/Epicentre Films

Davantage un entrelac de danses qu'un film musical à proprement parlé, les protagonistes du film, danseurs et musiciens, labourent un espace constitué de poésie. Sous l’œil du réalisateur Carlos Saura, l'histoire de l'Argentine s'écrit par ses chansons mais aussi tout contre elles, remontant à ses origines ancestrales indiennes et s’appuyant sur les souvenirs de l’immigration espagnole, italienne et également celle d’Europe de l’Est. C’est un pays lointain, l’Argentine, qui soudain fait corps avec nos sens éveillés et restés à l'écoute ou plutôt, à l'affût, instinctivement. Il faut saisir chaque instant – et regretter que les explications soient données d’un bloc à l’ouverture au lieu de nous accompagner suivant le cours des scènes… Mais les danseurs et chanteurs sont criants de détresse et nous font oublier toute intellectualisation historique. Il n’y a qu’à se laisser constituer par ce qui advient d’eux et nous transverse. La détresse des voix est parfois longue et répétitive. Mais n’est-ce pas Aragon qui écrivit un poème composé d’une litanie de l’unique mot persienne afin de travailler sur son sens en le creusant jusqu’à la moelle ? La répétition permet l'apparition, et à force de le lire, persienne se mélange à personne. Seule la répétition nous permet d’ouvrir certaines portes.

Les corps sont chatoyants, saturés de couleurs chaudes, parfois câlins et félins. Lourds et mates, c'est tout comme s'il n'y avait pas de place pour la maigreur. Les corps sont souples et les ventres en forme, les cuisses et bras en chair, ça se galvanise de vie, tout en dépliant des muscles en soi, des soupirs de maté et de perles de lunes. Lune, l'une de celle qui les accompagne à poursuivre la route, à chanter au clair, et à parler à partir de leur ombre ou d'un chullachaki amazonien.


Photo du documentaire Argentina (Zonda), de Carlos Saura, 2015. © Piqui Mandarine/Epicentre Films
bottom of page